Bientôt 2 ans et demi…

Voici bientôt 2 ans et demi que j’ai perdu mon grand amour, le papa de mes 2 adorables garçons. Terrassé à 44 ans par un liposarcome qui s’est terminé en méningite carcinomateuse (quel nom barbare !). Il s’est battu 2 ans en pensant toujours qu’il allait s’en sortir. C’était un battant et le cancer ne lui a laissé aucune chance.

On me dit que je suis forte, courageuse… mais je continue à vivre car je n’ai pas le choix. J’ai mes 2 garçons (16 et 14 ans) à protéger, à aider à grandir. Mais c’est difficile, je sens que je ne trouve plus de sens à quoi que ce soit : travail, sport (j’ai une douleur chronique au pied depuis 3 ans), amitiés… Et j’ai le sentiment que mon chéri est mort une deuxième fois par l’incapacités des gens, des amis, à me parler de lui. Personne ne m’en parle ! Oublié, rayé des listes. Je sais que ce n’est pas vrai mais c’est tellement dur à accepter. Je rêve qu’on me parle de lui. Mais non. Malgré un réveillon du nouvel an fait à la maison (certains y revenaient pour la 1ère fois depuis son départ), rien, aucune allusion, aucun souvenir. C’est dur ! mais c’est comme ça. Dur de se reconstruire avec cette absence physique et dans les paroles.

J’ai 43 ans et pour l’instant peu de perspectives, d’énergie pour rebondir. Heureusement que mes 2 chéris sont là pour égayer cette période sombre.

10 réponses

  1. Bonjour,
    Je suis profondément touché par ton message. Je comprends tout à fait ce que tu ressens, mais sache que la mort est un tabou en France. Les gens ont peur.
    Toi tu peux parler de lui. Je vis la même chose, je parle d’elle, de ma Aurélie qui a perdue la vie le 20 février 2018 d’un infarctus du myocarde en pleine nuit sans le moindre signes avant-coureurs. Je n’hésite pas à parler d’elle, comme je l’ai fait pendant la nouvelle année avec des amis très proche. J’ai décidé de passer à l’attaque, de Sourire et de donner, et surtout j’ai cessé d’attendre des autres. J’ai deux enfants, Nathan 7 ans et Stéphane 3 ans. Je me bats non pas pour eux, mais pour Nous. Faire Un. Si je peux me permettre, nous ne recevons rien des autres, donne. N’hésite pas à créer avec tes enfants un nouveau Nous.

    Je suis de tout coeur avec toi.

    Rudy

    1. Bonjour Rudy, merci pour ton message que me touche beaucoup également. Et malgré ta douleur, je te sens beaucoup plus “fort” que moi, positif envers l’avenir. Est-ce le fait que mes garçons soient plus grands et vont inévitablement s’éloigner de la maison petit à petit et assez rapidement que j’ai peur en l’avenir ? Cette année va être également particulière pour moi car je vais avoir 44 ans en mars… l’âge auquel Eric est parti. Comment fêter cela ? j’ai envie, ce jour-là, de me terrer dans un trou de souris et que personne ne me fête mon anniversaire.
      Sinon, oui, je pense que mes garçons et moi formons comme tu dis un “Nous”, mais avec un grand vide de mon côté. Et pour ce qui est de parler d’Eric aux autres, j’ai tendu une ou deux fois la perche à 2 amies mais… rien. Seule ma meilleure amie et une collègue m’en parlent plus facilement : on va dire que c’est déjà ça ! Bref, dans le fameux “processus de deuil”, je n’arrive pas, je crois, à passer l’étape de la colère, contre la maladie, contre les “amis” éplorés à l’enterrement et qui pensent maintenant que je vais bien ou pas si mal.
      Bon courage à toi et tes 2 garçons.
      Anna

      1. Bonjour Anna,
        Ce fameux “processus de deuil” n’est pas un standard. Tu n’es pas anormale; Sache le bien. Ce que tu vis ne peut être classé dans un standard. La raison est très simple, c’est que nous ne sommes pas des machines. Pour se rassurer, une abstraction est faite, on classe et on structure, c’est le propre de la pensée : tout abstraire pour en dégager le concept. Nous avons perdu un être cher, notre âme soeur. C’est l’un des moments les plus difficile d’une existence. Tu vis régulièrement l’indifférence de tes proches, et tu as vécu, comme tu l’écris très bien, la violence des mots des médecins. Cette colère que tu ressens est causée par le paradigme dans lequel nous vivons, et qui engendre ce comportement. Je t’ai écris précédemment que l’on ne reçoit rien ici, donne et tu recevras. Anna, cela te paraitra ridicule, mais pardonne leur. Essai de sourire, c’est sûr c’est difficile, mais essaye juste un peu. J’aimerais te parler plus en détail de mon chemin, mais par écrit ce sera compliqué.

        Cette force dont tu parles, c’est la foi. Tu peux décider du jour au lendemain de lâcher prise, mais cela ne dure pas.
        Je l’ai expérimenté, le mental ne peut rien faire, c’est plus subtil : la foi.

        Je suis de tout coeur avec toi, courage à toi et à tes deux enfants.

        Rudy

  2. Anna, je croirais lire mes mots.
    On a effectivement le sentiment que notre moitié est morte deux fois, alors qu’il est vital pour nous de continuer à le faire vivre, évoquant souvenirs et sentiments à son égard. Personnellement, j’en parle énormément et cela me permet de sélectionner celles et ceux que j ai envie de voir en fonction de ça…
    Je me réveille en pleurs ce matin, asphyxiée par l’absence irréversible de mon âme soeur et je pense à nos fils, qui ont besoin de moi, pour eux je tiendrai debout, même si la cruauté de la vie nous a frappés.
    Je pense que le cheminement de nos existences doit être avant tout guidé par l’amour et cet amour que nous ressentirons toujours pour nos amours perdus.
    Je t’envoie beaucoup de pensées solidaires et positives.
    Hélène

    1. Hélène, merci pour ton message. Effectivement c’est l’amour qui me fait tenir : celui pour Eric, je pense tout le temps à lui, tous les jours mais malheureusement je ne pense pas qu’aux bons souvenirs… J’ai encore pleins d’images des derniers moments passés à Villejuif, des mots “violents” des médecins, des pleurs des enfants et de lui quand il ne pouvait plus parler ni bouger. Une amie qui a également perdu son mari d’une leucémie m’a dit que les bons souvenirs vont remplacer les plus durs… je n’y suis pas encore. Et bien sûr l’amour de mes enfants, grâce auxquels je tiens debout et pour lesquels je continue d’avancer (ou d’essayer d’avancer). Mais en ce moment, je sens que je “coince”, dur dur de trouver de grandes motivations dans cette nouvelle vie que je n’ai pas choisi et que je n’aime pas. Il me manque tellement ! Tout le temps !
      Je peux me permettre de te demander quel âge ont tes fils ?
      Bon courage à toi dans ces moments difficiles.
      Anna

  3. Hélène, merci pour ton message. Effectivement c’est l’amour qui me fait tenir : celui pour Eric, je pense tout le temps à lui, tous les jours mais malheureusement je ne pense pas qu’aux bons souvenirs… J’ai encore pleins d’images des derniers moments passés à Villejuif, des mots “violents” des médecins, des pleurs des enfants et de lui quand il ne pouvait plus parler ni bouger. Une amie qui a également perdu son mari d’une leucémie m’a dit que les bons souvenirs vont remplacer les plus durs… je n’y suis pas encore. Et bien sûr l’amour de mes enfants, grâce auxquels je tiens debout et pour lesquels je continue d’avancer (ou d’essayer d’avancer). Mais en ce moment, je sens que je “coince”, dur dur de trouver de grandes motivations dans cette nouvelle vie que je n’ai pas choisi et que je n’aime pas. Il me manque tellement ! Tout le temps !
    Je peux me permettre de te demander quel âge ont tes fils ?
    Bon courage à toi dans ces moments difficiles.
    Anna

    1. Bonsoir Anna,
      Je découvre ton message, je m’excuse pour ma réponse tardive. Mes fils ont 12 et 18 ans.
      Je comprends parfaitement ton sentiment quant à cette vie que nous n avons pas choisie. Subir au quotidien cette souffrance…ce manque qui nous meurtrit à chaque seconde.
      Je comprends aussi le traumatisme inhérent à cette maladie qui ôte la vie d’une façon si cruelle que nous en sommes marquées à tout jamais. Un parcours que seuls ceux qui l’ont vécu mesurent. Et pourtant, à lire tes mots, on sent tout l’amour qui te lie à Eric et cet amour, ce soutien, ce partage dans le meilleur comme dans le pire est un bien précieux que tu garderas éternellement dans ton coeur.
      Je te souhaite beaucoup de courage et je partage ta peine.
      Amitiés
      Hélène

  4. Bonjour Anna, Bonjour Hélène
    Es t ce que je pourrais me joindre à vous svp dans vos échanges?:)
    J’ai perdu mon homme il y a 1 an et 4 mois et je pense que l’échange avec vous m aiderait sur mon chemin…
    J’ai 53 ans, philippe en avait 54 quand il est mort brutalement, dans mes bras…
    J’ai 2 grands enfants de 28 et 24 ans. Nous sommes tous les 3 sur une dynamique positive je pense, pas facile à maintenir tous les jours mais on essaie…
    J’espère à très vite!
    Laure

  5. Chère Anna…. je vous rejoins en tous points. Alors moi on m’a rayé de la carte comme si j’en étais morte avec lui. Les couples d’amis ne m’invitaient plus et lorsque j’ai demandé pourquoi il m’a été répondu que l’on ne voulait pas me faire de mal car j’entrais maintenant seule….. la veuve répudiée !!!! Ensuite plus personne ne voulait venir chez moi car tu comprends c’est la maison de Fabien…. et moi ? C’est pas ma maison peut-être !!! J’ai petit à petit disparu avec lui car il faut que je comprenne que les souvenir sont trop lourds pour eux…. mais je rêve !!! Enfin non je cauchemarde… vous voyez je pense réellement que les veuve n’ont plus de place dans notre société!!! C’est très très dur !!! Mais sachez qu’un jour vous allez décider de vous battre, de trier et de retrouver votre propre chemin de vie toute seule en laissant malheureusement ou heureusement pas mal de personnes sur la route…. tant pis pour eux et tant mieux pour vous !!! Sachez que la vie reprend toujours son cours et vous allez y arriver avec l’aide de nous tous….

Laisser un commentaire